The Corback Song


L'ordre compatissant des personnes intègres m'impressionne.

Sur mon arbre perché, un fromage bloquant ma machoire, il m'est soudain impossible d'intervenir en faveur des cibles possibles et certaines, prédateurs ou proies, fabuleuse mêlée orgiaque à mes pieds...
"Mattez moi mon plumage ! Hé ! Hé ! Hé, visez un peu mon plumage !" Croisse-je.
La masse informe créée de corps emmêlés se déchiquette, bouillonne, puis se disperse; chacun poursuivant l'autre échappé des crocs d'un troisième dans la confusion la plus totale. Ca n'est sans doute pas pour mon clacos que tous s'égorgent sous ma branche ! Et alors de mon plumage, tout le monde s'en tape...
Qu'est ce qui se passe aujourd'hui ? C'est la guerre ?
Corne de bouc croise le fer et peau d'anne succombe, la grenouille mange le porc au caramel et rejoins la cigale, au barbeuq' braisée par des fourmies pas prêteuse...
Tout autours n'est que violence, envies et appétits féroces, et ces barbares qui n'ont pas même un regard dans ma direction !
Dans la panique les yeux palpitent sous ma ligne de flottaison.
M'en plaindrais-je? Fallait-il que je l'ouvre en cet instant ?
Mon ramage est certes, m'a t-on dit d'un fort bon ton, mais cela suffira-t'il a calmer les gros cons?
Le fromage ne doit pas être appétissant... Il ne vient pas d'un commerce, c'est moi qui l'ai fait pourtant, si peu de reconnaissance pour ce fumet, n'est pas encourageant...
Ma gorge sêche...
Petit à petit, se dégageant des corps meurtris je remarque juste en face, deux oreilles pointues... AAah! brave et fier combattant, mon intime ennemis se détache, sur ce fond de panique, zen et intelligent ! Renard est là, qui me regarde avec envie ! Une certaine noblesse émane de son pelage roux, de sa tête toute pointue, maligne, de ses petits yeux noirs sans teints, Goupil est là pour moi j'en suis certains ! Si seulement je n'avais pas eu ce vieux fromage pendouillant au bout du bec, j'aurais volontier flatté son égaux de quelques phrases bien senties. Car il est vrai que tout flatteur, ... heu ... gagne à la fin, non? Quoique.
C'est lui qui m'interpelle, il n'aime plus le fromage, mais le ragout d'corbeau, et une fois sans plumage préfere ronger mes os !
Une milice de chiens fous a été prévenu, ils débarquent au charnier tout en executant, une gigue à trois temps, sensée décourager le plus bête des méchants... Il nous montre des dents à croquer la fortune, à décroisser la lune, le tout en grimaçant... Cela distrait Renard pendant quelques secondes et j'improvise un tour pendable pour le monde...
Pour rétablir la paix, ils singent les travers, de tous ces pauvres diables, critiquant de leurs rables, ironiques et amères!
L'humour doit maitriser la haine, selon Charlie le vieux chien gris et pourtant...
Il est des choses dont on ne plaisante pas. C'est la divine leçon que vient de démontrer un jeune homme à deux bosses, en nous faisant pêter sa gueule de dromadaire, aux milieu des comiques pour enflammer l'enfer...
Renard en réchappe, entrechats de travers...
En bas, ça tue, en veux-tu en voilà, les uns sont bien trop fiers, les autres ne partagent pas! Et c'est donc bien une guerre qui n'en finira pas...
Des nuée de mouches bleues tournent autours du carnage, et vas-y que ça crépite les flashs argentiques, comme des grappes est ça kiffe de voir le moindre outrage, ce sont bien les seuls êtres évitant la panique.
Chez les poulets, nul ne résiste qu'à son propre intérêt, et dès qu'un ver se montre, quarante volailles succombent, l'apanage des gens laids.
L'entraide concept mort, la compassion c'est pour les cons !
Soudain, une première goutte d'un précipité de couleur jaune clair, obtenue à l'aide d'un condensé de salive rèche, de fromage et d'une certaine attirance à être bien là ou l'on m'oublie, éclate à quelques centimètres du museau de renard ! Il esquisse une grimace de reconnaissance et commence à laper la substance... Pris dans la glaise, de boire ! A l'air ! Sentir la matière molle se ramollir sous la pression de ces molaires... C'est mâche ou crêve ! Hé bien crêve, Corniaud !
Mon calendos était piègé, il avait qu'à pas me convoiter !
Le 20 heure est terminé, j'éteins la télé...

"La mesure végétale et le compas sociaux naturel"*

Si rien n'est acquis, rien n'est immuable et rien n'est absolu, alors rien n'est parfait, et tout est relatif...

Etre artiste pour moi c'est chercher à matérialiser ma propre logique par le façonnage de matière, sous la forme d'Installation ou de sculpture. Je recherche la forme, à travers l'hybridation d'objets particuliers, qui puisse transmettre un sens nouveau afin de soulager par une approche positive, ma vision plutôt pessimiste du monde et de l'actualité. J'expérimente divers combinaisons d'objets ou de forme dans une logique de démonstration sensationnelle.

Etant fortement impliqué dans une logique de respect de la nature, j'essaie d'imaginer un futur idéal où cette combinaison refléterait une « liaison harmonieuse ». Je suis donc amené à travailler avec des éléments naturels de par cette volonté d'établir des relations d'affinité avec la matière vivante.

Le lieu d'exposition, l'échelle induite par celui-ci déterminent aussi la facture et les proportions de mes créations. Le concept, l'intention est toujours à l'origine du projet.

Mon propos concerne l'artificiel et le naturel, la mesure/démesure de toute chose. Je détourne l'objet commun de sa fonction ou de sa forme habituelle, tout en m'inspirant de son sens littéral, je le transforme afin qu'il véhicule une nouvelle « charge symbolique ».

J'évoque la possibilité de faire avec le vivant dans toute sa diversité avec ses défauts, son unicité, et son extravagance et non pas à l'encontre de cela, en voulant le contraindre, le contrôler, faire plier l'élément en fonction de nos exigences, de nos normes, de notre consommation.

*Titre d'un article de Mr Gérard Régimbeau